Des artistes engagés dans la Commune de Paris.1871
Á l’occasion des journées du patrimoine 2021, les Archives d’Indre-et-Loire ont présenté, une exposition consacrée à l’engagement des artistes pendant la Commune de Paris (1871).
Ce nom désigne le gouvernement insurrectionnel mis en place à Paris du 18 mars au 28 mai 1871, en opposition au gouvernement provisoire d’Adolphe Thiers, réfugié à Versailles.
On peut s’interroger sur le rapport entre la Touraine et la Commune de Paris. Ce rapprochement est dû à Patrick Fonteneau, militant syndicaliste à Force Ouvrière, tourangeau depuis 1973, et qui a fait don en 2012 d’une importante collection de documents concernant la Commune de Paris. Les 150 ans de cet événement historique ont été l’occasion d’en exposer une partie : celle concernant les artistes qui se sont engagés dans ce mouvement révolutionnaire.
Un engagement pour certains, d’abord lié à la guerre franco-prussienne de 1870. Enrôlés dans la Garde nationale, ils assurèrent la défense de leur pays à côté de l’armée régulière. Mais pour beaucoup, ce fut surtout un engagement politique au sein de la Fédération des artistes créé en avril 1871, regroupant 400 participants. Ils adoptèrent un programme révolutionnaire : « Les artistes de Paris se constituent en Fédération et décrètent l’égalité des droits entre les métiers d’art, la libre expansion de l’art dégagé de toute tutelle gouvernementale et de tous privilèges. Ils repoussent d’une manière absolue toute exhibition mercantile tendant à substituer le nom de l’éditeur ou du fabricant à celui du véritable créateur. » D’autres participèrent même à des postes de responsabilités de la Commune de Paris. Un engagement qui pour certains a détruit leur vie professionnelle : arrestations, exils en Angleterre ou déportations en Nouvelle Calédonie.
Certaines œuvres témoignent de ces événements historiques : scènes de la guerre franco-prussienne : Place de l’Observatoire, janvier 1871 par Auguste Lançon. Portrait du communard Théodore Budaille par Philippe Cattelain. Le triomphe de La République de Jules Dalou. D’autres réalisations (peintures, sculptures, gravures) sont seulement le reflet des mouvements artistiques de leur époque : Sous-bois de Jules Héreau ; La Vérité sortant du puits de Charles Capellaro.
Il faut aussi noter l’importance de la caricature : celle de la satire sociale utilisée par le tourangeau Jules Baric, consacrée au monde paysan et bourgeois et celle du monde politique, à travers les traits mordants des portraits-charge d’André Gill.
Mais il est un art qui véhicula particulièrement l’esprit révolutionnaire de la Commune de Paris, celui de la musique, à travers les paroles des chansons. Si Le temps des cerises de Jean-Baptiste Clément et L’Internationale d’Eugène Pottier sont les plus connues, La Canaille et le sire de Fisch Ton Kan appelèrent aussi à la révolte et à une société plus égalitaire.
Les documents figurant dans l’exposition « Des artistes engagés dans la Commune de Paris. 1871 » proviennent de la collection de Patrick Fonteneau.
Les documents donnés en 2012 aux Archives d’Indre-et-Loire sont identifiés par la référence de la cote : AD37 230 J.
Les documents encore en sa possession sont indiqués par le terme : Collection P.Fonteneau
Rédaction des notices :
Anne DEBAL-MORCHE, conservatrice en chef du patrimoine aux Archives départementales d’Indre-et-Loire
Etude biographique et artistique de Charles Cappelaro, Jules Dalou, Lucien Henry, Jules Héreau, Auguste Lançon, Augustin Moreau-Vauthier, Léon Ottin
Louise BOUTET, stagiaire, étudiante en histoire de l’art
Bibliographie
Artistes communards : un élan brisé.
Ouvrage publié par les Amis de la Commune de Paris (1871) en 2021.
Jules Baric, caricaturiste tourangeau (1825-1905.
Catalogue de l’exposition présentée au musée des Beaux-Arts de Tours
(27 octobre 1983-2 janvier 1984).
Notices biographiques : Dictionnaire biographique Le Maitron et Wikipédia