Les archives de Benjamin Chaussemiche
Un nouvel instrument de recherche concernant les archives de l'architecte tourangeau Benjamin Chaussemiche est maintenant consultable en ligne, mais qui est Benjamin Chaussemiche (1864-1945) ?
L' étudiant en architecture, grand prix de Rome
François-Benjamin Chaussemiche est né le 4 juin 1864 à Tours, dans un milieu d’artisans. Il est élève au lycée de Tours, obtient son baccalauréat en 1880, étudie à l’École de dessin de la ville de Tours de 1880 à 1883 et entre dans le cabinet de l’architecte tourangeau Elie Racine.
En 1883, il entre à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, élève dans l’atelier de l’architecte Louis-Jules André. En octobre 1886, il est admis dans la 1ère classe d’architecture. En mai 1890, il reçoit le prix de la Société Centrale des Architectes français.
En 1890, au décès de Louis-Jules André, ses élèves demandent à Victor Laloux de créer un atelier libre auquel participe activement Benjamin Chaussemiche, qui reçoit une nouvelle fois, en juin 1891, le prix de la Société Centrale des Architectes français. Le 3 août 1891, il obtient le 2ème second grand prix de Rome avec le projet « une gare avec un hôtel de voyageurs », et l’année suivante, le 7 août 1893, il obtient la récompense suprême : le premier Grand Prix de Rome pour son projet « un palais pour les sociétés savantes ».
De 1894 à 1897, il séjourne en Italie, à Rome, comme pensionnaire de la villa Médicis, à Terracine, où il effectue l'étude du temple d'Anxur et en propose une restitution. Il prolonge en 1898 son séjour italien pour étudier, dans l’Italie méridionale et la Sicile, les châteaux de Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250), empereur du saint Empire et roi de Sicile
L' architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux
Le 4 mars 1898, il est inscrit à la Société des Architectes Diplômés par le Gouvernement (n°277). Il est nommé auditeur au Conseil Général des Bâtiments Civils. Il reste très lié avec son « patron » Victor Laloux en enseignant dans son atelier, avec pour élèves deux architectes américains Julia Morgan et William Welles Bosworth, qui le présenteront à Rockfeller, et en collaborant en qualité d’inspecteur principal des travaux de la gare d’Orsay de 1899 à 1900.
Le 13 mai 1899, il épouse, à Tours, Lucie Marie Anne Carré (24 juillet 1877-16 mai 1962) âgée de 21 ans, fille de Louis Carré, entrepreneur de transport et de Lucie Emerantine Briard. De cette union naissent deux enfants : Agnès, née à Paris le 11 février 1900 et Jean-Emmanuel, né à Tours le 20 août 1906.
De 1900 à 1904, il devient inspecteur des bâtiments civils au palais du Louvre et des Tuileries, puis est nommé architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux.
De 1904 à 1933, il exerce simultanément dans ces différents établissements :
- l’Ecole des langues orientales (1902- 1913) ;
- l’Ecole nationale d’horticulture de Versailles (1913-1933) ;
- le domaine du palais de Versailles et du Trianon (1912-1924), où il mène surtout des travaux de restauration des façades, la remise en état et aménagement des différentes salles du château et du musée et où il dessine le jardin de Jussieu ;
- le Musée Guimet, l’Institut national des sourds-muets et le Museum d’Histoire naturelle (1925-1933), où il réalise la Singerie et la galerie de Botanique.
De 1913 à 1933, il est également architecte conseil des services pénitentiaires, au ministère de la Justice.
En 1932, il postule pour réaliser le zoo de Vincennes, sa candidature n'est pas retenue mais les projets réalisés montrent ses qualités de dessinateur.
Ses réalisations architecturales
Parallèlement à ses fonctions d’architecte des bâtiments civils, il réalise de manière libérale des commandes privées.
A Tours, en 1900, deux façades du lycée Balzac. En 1904, une grande demeure, 41 Boulevard Heurteloup. En 1907, une maison, 38 rue de Metz. En 1924, la base architecturale du monument commémoratif aux morts pour la France, au lycée Descartes, où il fut élève.
En 1908, la société des Eaux Minérales de Châtel-Guyon lui confie la construction des Grands Thermes, qui par leur ampleur, leur complexité, leur coût et leur style architectural à l’antique constituent l’œuvre emblématique de Benjamin Chaussemiche.
En 1910, il aborde l’architecture balnéaire avec la construction de chalets de plage à Hauteville-sur-Mer.
En 1910, il renoue avec l’antiquité, étudiée en Italie, avec la construction du Musée archéologique d’Alésia à Alise Sainte-Reine.
De 1904 à 1936, il effectue une dizaine de réalisations pour des propriétaires à Paris ou en province : simples travaux de remise en état, aménagements des bâtiments ou des jardins ou véritables constructions.
En 1937, il rédige la nécrologie de Victor Laloux et lui rend un hommage officiel avec ses amis architectes. En 1941, il participe à la réflexion concernant la reconstruction de la rue Nationale à Tours après les bombardements de juin 1940. Il meurt le13 décembre 1945 à Paris.
Paradoxalement, ce ne sont pas tant les documents portant sur les réalisations architecturales de Benjamin Chaussemiche qui font l’intérêt de ce fonds que les documents relatifs à sa formation à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Ceux-ci permettent en effet de retracer la carrière d’un architecte prix de Rome et fournissent des informations sur la profession d’architecte telle qu’on la concevait au début du 20ème siècle.
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