L'héraldique au 20ème siècle
L'héraldique est souvent associée au Moyen-Age ou à la noblesse. Il est pourtant possible à notre époque pour chacun de se créer un blason. Cela arrive souvent après des recherches généalogiques où l'on peut ainsi se doter d'une identité visuelle. Le travail de Dominique Morche, graphiste-héraldiste, témoigne de cette création artistique.
Du graphisme à l'héraldique
Né à Tours, le 24 mai 1954, Dominique Morche étudie en Indre-et-Loire et suit les cours de l’école privée d’arts graphiques René Brassart. En juin 1973, il obtient à Tours le CAP de dessinateur d’Art, mention publicité. Comme il figure parmi les meilleurs élèves, il est placé par l’école Brassart, en juillet 1973, dans l’agence de publicité Publi-Croizet, située à Clermont-Ferrand. Il y crée le logo de la station du Mont-Dore, une affiche pour la station thermale de Châtel-Guyon , placée régulièrement, jusqu’en 1983, dans le métro à Paris.
En 1979, il revient en Touraine, il est employé comme dessinateur pour le journal « La Nouvelle République » jusqu’en 1982.
Pour ne pas rester inactif, il décide de se consacrer à l’héraldique et grâce aux conseils de l’abbé Michel Bourderioux, curé de Loché-sur-Indrois et conservateur des antiquités et objet d’art, pour le département d’Indre-et-Loire, il commence à créer des blasons pour les communes d’Indre-et-Loire .
En 1984, il s’inscrit à la Maison des Artistes comme artiste-auteur et mène une carrière d’artiste indépendant.
En 1985, il expose à Veigné, en compagnie de Piem, qui illustre son livre d'or d'un dessin spécifique.
Les créations héraldiques de Dominique Morche
En 1985, Dominique Morche participe au concours d’héraldique organisé par l’association la Maintenance héraldique de France et reçoit le 3ème prix, suivi en 1986 du titre de maître-es-arts, pour la rédaction de son mémoire sur l’héraldique municipale de Touraine. De plus en plus actif dans l’association, il organise en 1987, une exposition sur l’héraldique au château d’Amboise dans le cadre du Millénaire des Capétiens.
En 1988, à l'occasion d'un salon du livre organisé au château d'Amboise, il expose en compagnie du dessinateur Pierre Joubert, illustrateur de nombreux ouvrages de la collection Signe de piste et d'un livre sur l'héraldique, maintes fois réédité.
En 1989, il est élu secrétaire général de la Maintenance héraldique de France, dont le siège social est transféré en Indre-et-Loire (Amboise, puis Tours, puis Montlouis-sur-Loire). De 1990 à 2004, il se consacre uniquement à l’héraldique comme secrétaire de la Maintenance héraldique de France, veillant particulièrement au respect des règles de l’héraldique dans l’enregistrement des armoiries et comme artiste, en créant et dessinant les blasons pour les particuliers. Atteint d’un cancer, il meurt le 4 décembre 2004, âgé de 50 ans.
La création d'un blason municipal : l'exemple de la commune d'Artannes
En 1983, Dominique Morche reçoit la commande d'un blason pour la commune d'Artannes. Après des recherches historiques et différents projets sur le plan graphique, le blason est approuvé par délibération municipale.
Voici sa description : D'or à l'ours rampant de sable tenant une roue à aubes de huit bras de gueules ; surmontées du chef du même, à la croix archiépiscopale à deux traverses d'argent.
L'ours rappelle l'origine du nom de la commune Artannes, qui viendrait du gaulois arthos, qui signifie ours. Il est dit rampant, c'est-à-dire debout sur ses pattes de derrière. (il est dit passant quand il marche sur ses 4 pattes). Symbole de prévoyance, animal courageux et vaillant, il peut symboliser Artannes, comme commune rurale, calme et paisible, le long de sa rivière.
La roue à aubes évoque l'Indre et l'activité des moulins.
La croix archiépiscopale, à deux traverses est l'attribut des archevêques de Tours, qui étaient barons d'Artannes.
Les couleurs de ce chef : de gueules ( rouge) à croix d'argent rappelle les couleurs du blason de l'archevêché de Tours.
Les étapes de la création graphique du blason d'Artannes
Quelques exemples de créations par Dominique Morche de blasons des communes d'Indre-et-Loire
La création d'un blason pour un particulier : l'exemple de la famille May
En 1994, Dominique Morche crée un blason pour Jean-Pierre et Wallis May qui tiennent une agence immobilière.
Voici les symboles de la composition, conçue à partir du nom de famille, de celui des parents et de l'activité du titulaire.
Le fond bleu et blanc sont les couleurs reprises du logo de leur entreprise. La tour blanche, couleur de la pierre, est l'élément principal de la composition, il stylise l'activité du titulaire, elle est "maçonnée" , c'est-à dire, avec les joints apparents. Elle évoque le prénom Pierre, qui signifie rocher et le nom de l'épouse Wallis dont le mot anglais signifie Wall : muraille.
La rose rouge placée au linteau de sa porte, évoque la passion du jardinage du titulaire, ainsi que de son épouse originaire d'Angleterre ( où ces meubles sont fréquents : la rose des Tudor, la rose des Lancastre) sans manquer d'évoquer le côté afffectif : une rose pour une femme, placée ici en coeur de l'écu, comme l'épouse que l'on porte sur son coeur.
Les 2 tiges de blé évoquant la richesse enserrent la tour comme un écrin et les 3 coques de noisette symbolisent le matronyme Veyssade, qui signifie ensemble de noisetiers, placées deux en chef et une en pointe suggérant un pairle ( Y héraldique) , figure du choix entre 2 voies pour sublimer le patronyme Combre, mot gaulois ayant le sens du confluent.
Pour en savoir plus , vous pouvez consulter le répertoire du fonds Dominique Morche ( 302 J)