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Loup, y es-tu ?

Projet d'un blason orné d'une tête de loup. Dessin de Dominique Morche

Le 27 novembre 2021 , le journal La Nouvelle République relatait que :

" pour la première fois depuis plus d'un siècle, un loup gris a été observé vendredi à Cinq-Mars-la-Pile. Cette apparition authentifiée par l’office de la biodiversité est une première en Indre-et-Loire ".

Plusieurs documents d'archives témoignent de cette présence inquiétante du loup aux 18ème et 19ème siècles. 

Au 18ème siècle, des battues inefficaces

En 1748 et 1750, des rapports concernant la chasse aux loups sont envoyés à l'intendant de Touraine.

 

Il n’y a que peu de jours, Monsieur, que je suis arrivé icy. J’ay trouvé tout le canton extrêmement effrayé du ravage que cause icy et aux environs ce que les gens du pays appellent « la Beste ».

 

Le peu de succès des battues qui ont été faites jusqu’à présent procède selon ce que j’entends dire de ce que les traqueurs ne se rendent pas en nombre suffisant au rendez-vous, de ce qu’ils ne marchent pas dans le bois de front, mais par deux ou trois pelotons, de ce que la moitié se retire après la première battue, enfin de ce que les gardes de la maîtrise et les cavaliers de Maréchaussée quittent leur postes à chaque coup qu’ils entendent pour aller voir s’il n’a pas été tué quelque autre bête qu’un loup.

Il faut pour que ces battues réussissent qu’elles soient faittes par un grand nombre d’hommes assemblés et surtout qu’il y ait pour les commander et pour les placer d’une manière utile, des gens intelligents pour ces sortes de choses, comme officiers des eaux et forêts, maréchaussée sans cela il n’en résultera qu’une cohue de paysans qui se jettent tous à la fois dans un bois, commencent par faire un grand bruit qui fait fuir la beste ou les bestes et finissent par tuer quelques lièvres qu’ils emportent pour leur souper, sans compter les différents accidents qui peuvent arriver entre des gens maladroits à tirer et qui ne savant pas se placer comme il faut. 

  

Hier encore deux animaux étant venus en plein jour jusqu’au bord de la levée à l’entrée du bourg de Rochecorbon fut poursuivy et environné par 400 paysans armés de fourches et de batons qui les forcèrent à se jetter dans la rivière. Comme il étoit anciennement blessé, et qu’il nageoit mal 4 bateliers l’assomèrent dans l’eau à coups de batons. Cette maudite espèce s’est multipliée depuis quelques temps et j’en reçois des plaintes de tous les côtés. Ils attaquent les gens de tout âge, et une femme de 45 ans fut étranglée il y a 8 jours.

  

En 1750, à Loches : Nous n’avions point encore vu dans l’Election de Loches de loups curieux de chair humaine. Il en paru un le 26 Décembre dernier dans la forêt du Roy sur la route qui blessa dangereusement plusieurs personnes. Le lendemain matin il attacqua successivement cinq hommes parmi lesquels fut un chirurgien qui allait panser les premiers blessés.

(Extrait des Archives de l'Intendance de Tours. AD37 C411)

L'attaque d'un loup enragé en 1814 

  

Outre les mutilations engendrées par les blessures des loups, c’est la rage , transmise par l’animal, qui était aussi redoutée. C’est pour cette raison, qu’est appelé, en septembre 1814, un médecin, le docteur Leclerc, pour examiner les victimes d’un loup enragé à Cravant.

  

le 13 septembre : premières constatations 

Nous soussigné Leclerc, docteur en médecine, demeurant ville de Tours […] déclarant qu’en vertu d’une lettre de Monsieur le préfet, sous la date du 12 septembre 1814, à nous remise […] l’avis qui lui en a été donné par Monsieur le maire de l’Isle Bouchard […] à l’effet d’envoyer de suite un médecin au secours de 20 personnes mordues par un loup enragé, nous nous sommes transportés au canton de l’Isle Bouchard où nous sommes arrivés le 13 sur les quatre heures du soir.

Là en présence de Monsieur le Maire avons fait à plusieurs personnes les questions nécessaires pour nous assurer: 1°de l’espèce de l’animal qui avait mordu, 2° des signes ou symptômes qui pouvaient nous confirmer qu’il fut enragé, 3° qu’elles étaient les 1ères personnes qui avaient été mordues, le jour, l’heure ; si elles l’avaient été avec ou sans vêtement, 4° quel pouvait être le sexe de l’animal.

Tous les renseignements pris, on nous a assuré que l’animal était un loup sans que l’on ait pu désigner son sexe ; qu’il se jetait avec une rapidité extrême et une fureur peu commune, de préférence à la figure des personnes en ouvrant quelquefois largement la gueule, en tirant la langue, sans avoir les lèvres ni la gueule écumeuses. Que du reste il n’offrait aucun signe qui puissent le faire réellement regarder comme enragé, qu’il a commencé ses ravages sur quelques malheureux paysans de la commune de Cravant, qu’il s’était en suite dirigé vers les vallées resserrées de Panzoult, qu’après en avoir mordu huit personnes, il avait assouvi sa fureur sur 2 ou 3 individus de la commune de Villaine près d’Azay le Rideau où il a été tué par deux bûcherons au moment ou il se préparait à se précipiter sur eux.

le 14 et 15 septembre : examen et soin des victimes 

A huit heures du matin,  le 14, accompagné de MM Les maires de l’Ile-Bouchard, Panzoult, du curé de cette commune, de MM chirurgiens Le Blanc, Brotier, hommes très distingués et éclairés qui du reste méritent les plus grands éloges sur les soins prompts et assidus qu’ils ont apporté aux victimes de Panzoult, nous nous sommes transportés chez les huit personnes de cette commune qui ont été mordues, et nous les avons examiné.

  

Les blessés ayant tous été cautérisés ou avec le feu ou le nitrate d’argent, l’ammoniaque, la dissolution du beurre d’antimoine dans les journées du 11, 12, 13, et rendus le même jour à l’hôpital par les soins assidus de M. le préfet. Tous ont été retouchés le 15 , le 16 au moment de notre départ.  Tous sont également pansés avec l’onguent suppuratif, des frictions mercurielles, les vésications d’ammoniaque, le beurre d’antimoine. les plaies sont en général en très bon état. La suppuration s’établit bien. Tous sont à peu près également tranquilles; la soif et l’appétit se succèdent, seulement la veuve Moron a eu un mouvement fébrile les 14 et 15 ; mais rémission le 16 au matin, sueur pendant la nuit. Toutes les boissons se réduisent aux sudorifiques simples, ou combinés avec de l'ammoniaque, le vin thériaque , des bols antispasmodiques.

le 16 septembre : Examen du loup 

L’animal que nous avons reconnu le 16 au matin, à la sous-préfecture y ayant été apporté par les soins de M. le sous-préfet, était bien une louve âgée d’environ deux ans et demi, n’ayant point encore eu de petits ; assez forte, maigre, ayant du reste les gencives rouges comme enflammées ; cet animal a été reconnu par 3 de ses victimes que nous fîmes venir de l’hôpital pour nous assurer si c’était réellement celui qui les avait mordu ; ils demeurèrent d’accord que c’était bien lui ; ce qui a pleinement confirmé sa mort; et qu’il n’était plus à redouter.

( Extrait des Archives de la Préfecture . Rapports sur la destruction des loups , AD37 4M316)

Heureusement au 21ème siècle, les loups n'apparaissent en décembre que dans les contes...de Noël, ou au cinéma dans le nouveau film " Mystère". 

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