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Le 27 mai 1923 était autrefois la Journée Pasteur

Insigne de la journée de Pasteur par le peintre Henri Gervex. AD37 1M402
Inscription placée au dos de l'insigne.

Une journée en l'honneur de Louis Pasteur

Après l'année 1922 qui commémorait les 100 ans de la naissance de Louis Pasteur, le Gouvernement français décide en 1923 d'instituer le 27 mai une journée spéciale consacrée à Pasteur. Mais comme le souligne le préfet d'Indre-et-Loire dans un courrier adressé à tous les maires du département : " Cette manifestation n'aura pas seulement pour but de glorifier l'un des plus illustres savants dont s'honore la science française, mais aussi de susciter un grand mouvement en faveur des laboratoires scientifiques actuellement dépourvus des ressources indispensables et  leur permettre de poursuivre leurs si utiles et fécondes recherches." 

Un comité d'organisation national, présidé par Arthur Meyer et situé 2 rue Drouot à Paris, envoie les instructions à chaque préfet. Ce dernier constitue à son tour un comité départemental formé des autorités civiles, militaires et religieuses et présidé par le directeur et les professeurs de l'École de Médecine et de Pharmacie de Tours.

Les recettes destinées aux laboratoires scientifiques sont essentiellement constituées du produit de la vente d’insignes. Les communes sont cependant invitées, dans la mesure où leur situation budgétaire le permet, à faire voter par leurs conseils municipaux des subventions spéciales.  .

80 communes répondent à cet appel et proposent une somme allant de 20 à 100 francs. La ville de Tours, dirigé par le maire Chautemps, décide d'accorder une subvention de 2000 F, mais qui sera affecté au laboratoire de chimie agricole de Tours, qui vient d'être installé rue Torterue.

La ville de Saint-Pierre des-Corps dirigé par le maire Robespierre Hénault décide de s'abstenir, en le justifiant de la manière suivante : "Le Conseil municipal, en s'inclinant profondément devant la noble figure de Pasteur, qui mit sa science et son travail au service de l'humanité, regrette de ne pouvoir s'associer aux initiatives du gouvernement, alors que les expéditions militaires extérieures  engloutissent actuellement des millions qui seraient mieux utilisés en faveur des laboratoires scientifiques."

10 insignes créés par des artistes

Albert Besnard (1849-1934) et Fernand Cormon (1845-1924) représentent Louis Pasteur en buste, de profil, comme sur une médaille. Des feuilles de laurier et d'olivier et le ruban tricolore soulignent la reconnaissance officielle nationale. Jean Béraud (1849-1945) met en avant la vendeuse d'insigne. Ce rôle étant tenu par les femmes. Georges Barbier (1882-1932) utilise la représentation allégorique de la divinité couronnant de lauriers la stèle de Pasteur. Maurice Denis (1870-1943) représente de manière concrète Pasteur dans son laboratoire face à la mère qui tient son enfant malade dans les bras tandis qu'à l'arrière-plan, un ange implore sa guérison.

Trois artistes choisissent de représenter Louis Pasteur en buste. Abel Faivre (1867-1945), célèbre pour ses créations d'affiches d'emprunt pour la défense nationale pendant la 1ère guerre mondiale, joue sur le terme "bon Pasteur" qui désigne aussi le Christ, comme le berger et le guide des chrétiens. Henri Gervex (1852-1929) a représenté à l'arrière-plan le Panthéon alors que Pasteur n'y est pas inhumé, sa famille ayant préféré qu'il soit à l'Institut Pasteur, dans une crypte. Charles Jouas (1866-1942) met lui aussi en avant l'aspect religieux de Pasteur, dessiné sur un vitrail, tel un saint. Paul-Albert Laurens (1870-1934) utilise les figures allégoriques : l'ange, symbole de vie repousse la mort, avec sa faux, grâce aux recherches de Pasteur, figurant en médaillon et placé au centre. Francisque Poulbot (1879-1946) met en scène un enfant, dont les représentations l'ont fait connaître, mordu par un chien, évoquant le célèbre vaccin contre la rage, mis au point par Pasteur.

La Journée Pasteur en Indre-et-Loire 

170 000 insignes destinés à la vente, furent donc envoyés en Indre-et-Loire. Ceux-ci n'étaient pas métalliques mais en carton. Ils étaient vendus à l'unité : entre 20 et 50 centimes. Comme il y avait 10 dessins différents, le comité espérait que les personnes acheteraient la collection.

La ville de Richelieu édita une affiche spéciale pour inciter ses concitoyens à participer à cette journée.

Le Select Cinéma de Tours proposa un film consacré à Pasteur, projeté l'année précédente en 1922, dans l'amphithéatre de la Sorbonne, à l'occasion du Centenaire de la naissance de Pasteur.

Affiche. AD37 1M402
Lettre du 26 mai 1923. AD37 1M402

Le succès de la journée Pasteur 

Presque toutes les communes d'Indre-et-Loire répondent à cet appel de dons, certaines uniquement par une subvention, fixée en Conseil municipal, d'autres uniquement par la vente d'insignes. Certaines n'hésitent pas à utiliser les deux modes de financement, comme Monts qui envoie un mandat de 245 F résultant de la subvention communale de 25 F et du produit de la vente des insignes de 220 F. Les rapports sont inversés à Semblançay, la commune vote une subvention de 100 F et obtient 63 F pour la vente des insignes.

Le montant n'est pas nécessairement en relation avec le nombre d'habitants, puisque la commune d'Amboise (4500 habitants) envoie une somme de 359 F,  la commune de Cangey (760 hab.) : 220 F et celle de Louestault  (414 hab.) : 100F.  La palme de la générosité revient à la commune de Chateau-Renault qui vote une subvention de 200F et obtient 832 F par la vente d'insignes.

Une entreprise est même mobilisée puisque le personnel des papeteries de la Haye-Descartes verse une souscription de 223 F.

Dans un courrier adressé au préfet, trois communes donnent les raisons de leur absence de participation à la vente d'insignes.

- A Maillé, la population est trop dispersée.

- A Saint-Senoch, le maire fait allusion au manque de moyens financiers de la commune : " C'est une commune déshéritée, pas de moyen de communications, pas de bureau de poste, même pas une cabine téléphonique que l'on nous a cependant promis et que nous attendons vainement . Nous avons pris le parti d'attendre que l'on s'occupe de nous avant de nous exécuter en sacrifice pour autrui." 

- A Saint-Hippolyte, les raisons sont plus inattendues : "Si la journée n'a pas eu eu lieu, ce n'est par indifférence pour ce grand savant, qui par son labeur et ses découvertes ont permis de sauver tant de vies humaines. Seulement, il est souvent adressé aux quêteuses, des mots plus ou moins bienveillants à leurs égards, et en général, les jeunes filles n'aiment pas ces surprises désobligeantes, non point pour elles, mais pour le produit de leur quêtes. Aussi le concours des jeunes filles devient de plus en plus rare et c'est précisement pour leur éviter d'entendre des paroles désagréables que la journée n'a pas eu lieu." Le Conseil municipal versa néanmoins une subvention de 50F. 

Le département d'Indre-et-Loire récolte une somme globale de 40 432 F. Ce qui représente une somme importante puisqu'à cette époque le prix d'un kilo de pain coûtait 0,50 F.

Cette organisation au niveau national d'un appel aux dons pour une cause médicale n'est pas sans rappeler ce qui sera plus tard le téléthon.

Ces 3 documents des Archives d'Indre-et-Loire : les insignes, l'affiche de la ville de Richelieu et la lettre du Select Cinema, conservés dans les archives de la Préfecture (AD37 1M 402) ont été prêtés au musée Pasteur à Dole, à l'occasion du Centenaire de la maison Pasteur.

Pour consulter les événements du musée Pasteur   

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