L'explosion de la poudrerie du Ripault à Monts, le 18 octobre 1943
Il y a 80 ans, le 18 octobre 1943 à 11h03, la poudrerie nationale du Ripault à Monts explosait. Plus de 100 morts, 143 blessés graves, un village pulvérisé.
La poudrerie nationale du Ripault à Monts est créée en 1786 par Antoine Lavoisier, régisseur général de l'Administration royale des poudres. Elle est considérée, dans les années 1840, comme « la plus belle poudrerie d'Europe ». Pendant la première guerre mondiale, elle emploie jusqu'à 6 000 ouvriers et connaît un grand développement en produisant la poudre B qui a supplanté la poudre noire. Au début de la seconde guerre mondiale, au maximum de son extension, ses installations s'étendent sur 120 ha.
Son histoire est marquée par des phases d’expansion correspondant aux périodes où la France, en guerre, a des besoins accrus en poudre et explosifs.
La poudrerie sous l’Occupation
Jusqu’à l’automne 1941, Le Ripault est placé sous contrôle allemand puis fin 1942, les autorités d’Occupation décident de remettre la poudrerie du Ripault en état de fonctionnement pour la fabrication de poudre au profit de l'armée allemande.
La poudrerie fonctionne avec du personnel français mais en présence de quelques responsables allemands pour vérifier la qualité de la production.
L’explosion du 18 octobre 1943
La France est en guerre, le besoin de poudre est très important ; le site du Ripault commence à manquer de matière première. Un train de coton poudre abandonné dans un entrepôt depuis sans doute plusieurs années est retrouvé et acheminé à la poudrerie pour récupérer la précieuse matière première. Celle-ci s’avère de très mauvaise qualité, bien trop sèche et les caisses en bois qui sont censées la protéger ne répondent pas non plus aux normes de sécurité. Elles sont parfois pourries. Les ouvriers doivent arroser la poudre. Dans un premier temps, les ouvriers français refusent de toucher aux caisses mais sous la pression des allemands, la Direction de la poudrerie prend la décision de les décharger malgré tout.
A 11h03, le 18 octobre 1943, une étincelle provenant d’une des caisses provoque la première explosion. Deux autres suivent et des incendies se propagent dans une vingtaine de dépôts et d’ateliers. Au total plus de 800 tonnes de poudre brûlent ainsi.
Les toitures des bâtiments voisins sont soufflées par l’explosion. Tout est anéanti, et plonge non seulement la poudrerie, mais les environs immédiats, dans un cahot immense. Bien vite les secours s’organisent, les rescapés tentent d’abord, de sauver leurs camarades. Il n’y a plus de moyens de communication. Les premiers secours arrivent guidés par le nuage de fumée.
L'explosion d'un convoi en cours de déchargement creuse un cratère de 15 mètres de profondeur et entraîne la destruction d'une grande partie des installations : vingt-et-un ateliers sont rasés. Tous les bâtiments disparaissent dans un rayon de 155 m autour du point de l'explosion initiale.
Les effets sont ressentis jusqu'à Tours, à 10 km de là, où des vitrines se brisent.
Un monument à la mémoire des victimes de tous les accidents du Ripault est érigé dans le cimetière de Monts. Une cérémonie du souvenir y a lieu le 18 octobre de chaque année.