France Darget : une poétesse prodige à la Belle Epoque
Le prochain atelier Wikipedia "Illustres inconnues de Touraine" a lieu le 18 mars aux Archives. Il s'agit de notre deuxième édition. L'an passé, nous avions pu publier dans Wikipédia une notice sur France Darget, femme de lettres aujourd’hui oubliée, qui fut célèbre à la Belle Époque autant sur Tours que dans le Tout-Paris littéraire et artistique. Elle s'est distinguée autant par la qualité de ses poèmes et sa façon de les déclamer que par la précocité de ses talents poétiques.
Le Printemps des poètes se déroule du 11 au 27 mars 2023. C'est une occasion de lui rendre honneur.
Qui est France Darget Savarit ?
France Darget Savarit, née Thérèse Louise Darget le 26 décembre 1886 à Pontivy et morte le 26 août 1965 à Limeil-Brévannes (Val de Marne) est une femme de lettres française très célèbre à la Belle-Epoque dans le milieu artistique tourangeau et parisien.
Ses parents s'établissent en Touraine à partir de 1895. Son père Louis Darget, commandant et officier de cavalerie est aussi photographe amateur, membre de la Société photographique de Touraine et passionné de sciences occultes et de spiritisme. France Darget est une enfant prodige : à 13 ans, elle est considérée comme la plus jeune poète du siècle.
Son père ayant connu la captivité pendant la guerre franco-prussienne, France Darget est bercée par les expériences militaires et sa poésie est imprégnée des thèmes de la bravoure militaire, la revendication du retour de l'Alsace-Lorraine, comme territoire français et le catholicisme. Ses vers sont également appréciés pour leur contenu romantique.
Ses oeuvres y compris les plus précoces sont publiées dans la presse locale tourangelle comme Le Messager, le Journal d'Indre-et-Loire, les Affiches tourangelles. Les lecteurs de la presse la découvrent, l'apprécient et le font savoir dans des lettres élogieuses publiées. France Darget excelle dans la poésie de circonstance, anime galas de bienfaisance et manifestations culturelles.
Ce poème "Aux tourangelles..." a été lu en février 1905 lors d'une soirée de bienfaisance à l'Hôtel de Ville de Tours pour recueillir les fonds nécessaires à combattre la tuberculose.
« Mesdames, lorsque l’on vous voit
Dans ces salons, dont l’or s’accroît
De la clarté des boucles blondes,
Du contraste des cheveux bruns ;
Lorsque les brefs saluts des uns,
Des autres les grâces profondes,
Et les gants blancs, et les parfums,
Ces traînes au mouvement d’ondes,
Les bras autour des tailles rondes,
Ce luxe impossible à tracer,
Remplit les yeux sans les lasser ;
Lorsque l’on voit à tour de rôle
Glisser, pour un mot qui fut drôle,
Des rires sous un éventail
Et des perles sur une épaule ;
Lorsque, du balcon au portail,
Dans toutes ces salles ornées,
Frôlant les hautes cheminées,
Mêlant aux pierres étonnées
Leur mouvant et léger détail,
On a suivi, – rubans, paillettes,
Vol de tulle, de soie et d’or,
- L’élégance des silhouettes
Dans la majesté du décor… »