Des archives surréalistes !
Documents d’exception : le dossier de naturalisation de Max Ernst.
Dans les archives de la Préfecture, versées aux archives contemporaines à Chambray, on trouve les dossiers des étrangers.
Parmi eux, nous avons découvert un dossier d'exception : le dossier de naturalisation de Max Ernst !
Peintre, sculpteur et poète allemand, Ernst est une figure majeure de l’art du 20e siècle, et un acteur essentiel des mouvements Dada et surréaliste.
Né le 2 avril 1891 à Brühl, en Allemagne, il commence des études de philosophie qu’il abandonne rapidement pour se consacrer à l’Art. A 20 ans, il fréquente le mouvement du Blaue Reiter avec qui il expose à Berlin en 1913.
Mobilisé pendant la première Guerre mondiale, il est envoyé successivement sur le front russe, puis en France.
A partir de 1919, il s’intéresse au mouvement Dada et rencontre Paul Klee, Jean Arp, Johannes Baargeld, Tristan Tzara et André Breton.
Dans les années 20, il intègre le mouvement surréaliste et s’installe à Paris chez Paul Eluard, c’est à ce moment là que naît son amour de la France. Il participe à l’aventure des Ballets russes en créant, avec Miro, les décors de Roméo et Juliette en 1926.
En 1934, il commence à sculpter au contact de Giacometti.
Dès le déclenchement de la seconde Guerre mondiale, en septembre 1939, Max Ernst est arrêté comme « étranger ennemi » et interné dans le camp des Milles près d'Aix-en-Provence.
Le 1er mars 1941, il obtient un visa pour les Etats-Unis et est naturalisé américain en 1948.
En 1953, il revient définitivement en Europe et obtient, un an plus tard, le Grand Prix de Peinture à la Biennale de Venise.
Avec son épouse, l’artiste américaine Dorothea Tanning, il s'installe à Huismes en 1955... "Il fait beau, doux et calme ici" écrit-il à un ami à cette date !
Le 3 avril 1958, il adresse sa demande de naturalisation à la Préfecture et obtient la nationalité française.
Dans ce dossier, on trouve de jolies photos et de nombreux documents signés de la main de Ernst.
Un commentaire touchant figure dans les observations :
"Seules les circonstances ont empêché l'intéressé de se faire naturaliser français.
Ayant la nationalité américaine, il demande pourtant à la perdre au bénéfice de la nationalité française. Marié à une américaine, ayant un fils américain, ce geste à lui seul, montre l'attachement de l'artiste à la culture, à la civilisation française. Il ne peut semble-t-il tirer d'autres satisfactions de ce geste que d'ordre sentimental."
Le 1er avril 1976, il s’éteint à Paris, la veille de son 85e anniversaire.