1822-2022 : Un bicentenaire mais lequel ?
Les réunions de communes
Le 2 octobre 1822, une ordonnance du roi Louis XVIII officialisait la réunion de 5 communes d'Indre-et-Loire.
Fleuray était réuni à Cangey ; Chenusson à Saint-Laurent-en-Gâtine ; le Sentier à Monthodon ; Beaumont-les-Tours à Saint-Etienne ; les Pins et Rorthes à Epeigné-sur-Dême.
La commune de Cangey fête ce bicentenaire par une grande fête en plein air le 2 juillet 2022. Mais si selon le proverbe " l'union fait la force", comment fut vécu en 1822 le rattachement des 2 communes de Fleuray et Cangey ?
Un accord difficile à trouver
Après l'ordonnance royale du 2 octobre 1822 et un courrier de la préfecture du 26 novembre 1822, les deux conseils municipaux de Fleuray et de Cangey doivent se réunir le 9 mars 1823 pour entériner et organiser cette fusion.
La réunion a lieu à Fleuray, le Conseil municipal de Cangey trouve le maire de Fleuray auprès de l’église et lui demande de se rendre ensemble à la mairie de Fleuray pour opérer la réunion des deux communes et remettre les papiers concernant l’administration. Le maire de Fleuray s’y refuse formellement, répondant qu’il n’avait rien à faire à la mairie. Il est sommé de donner acte de son refus ce qu’il refuse également en ajoutant que le maire de Cangey n’aurait dans sa main ni signature, ni papiers ou autre chose. Devant ce refus, le Conseil municipal de Cangey se retire sous le porche de l’église de Fleuray pour dresser le procès-verbal de ce refus.
La préfecture demande alors aux deux conseils municipaux de s’entendre. Le Conseil municipal de Cangey se rend à nouveau à Fleuray le 29 mars pour régulariser la situation et fonder le nouveau conseil municipal des deux communes réunies, ce qui est arrêté le 31 mars 1823, par un procès-verbal dressé par le maire de Cangey, qui conclue en ces termes :
"Nous avons procédé de suite à la réception des papiers et à l'installation de M.Huguet Pierre [ l'ancien maire de Fleuray] nommé adjoint des deux communes réunies qui a prêté le serment suivant : Je jure fidélité au roi, obéissance à la charte constitutionelle et aux lois du royaume et les membres présents ont déclaré les deux communes réunies. En foi de quoi, nous avons dressé le présent procès-verbal et ont signé avec nous les membres du Conseil sauf ceux qui ont déclaré ne pas savoir signer."
Les pétitions de la commune de Fleuray
Le maire de Fleuray adresse au préfet une première pétition en 1822,
en argumentant que pendant l'hiver et "les grandes eaux" les chemins sont impraticables entre Cangey et Fleuray et qu'on ne pourrait donner une sépulture aux défunts et qu'en cas d'incendie, Fleuray serait privé des secours nécessaires. Les maires des communes voisines : Autrèche, Dame-Marie-les-Bois et Saint-Ouen lui apportent leur soutien par leurs signatures.
En 1823, une deuxième pétition est adressée au préfet .
« Nous soussignés, habitants Fleuray et dépendances de l’ancienne commune de Fleuray réuni à Cangey, canton d’Amboise (Indre-et-Loire) le 2 octobre 1822, avons l’honneur de vous exposer que la section de Fleuray possède aujourd’hui par son activité et son développement agricole et viticole tous les éléments suffisants pour se pourvoir à elle seule comme commune et peut s’engager sur ses seules ressources à payer les annuités des emprunts contractés pour les besoins de sa section et les frais divers d’administration.
Qu’aujourd’hui au centre du chef-lieu de l’ancienne commune (Fleuray même) existe une école communale et tous les commerçants suffisants à l’approvisionnement de Fleuray et de ses anciennes dépendances (tels que épiciers, mercier, marchand de nouveauté, charron, maréchal, cafetier) que les besoins y sont assez importants pour que l’approvisionnement y soit assuré par un service régulier de bouchers, boulangers et autres fournisseurs de toutes denrées qui viennent et s’arrêtent au village à jours fixes et réguliers, pour servir et livrer à la population tout ce dont elle a besoin. Que le nombre d’habitants électeurs peuplant cette section est bien plus élevé que dans beaucoup de petites communes de France (d’Indre-et-Loire même).
Que : 1° le service public pour les naissances, mariages et décès ; 2° les besoins de tabac obligent les habitants à venir au bourg de Cangey distant de quatre kilomètres et demi soit une course totale de neuf kilomètres pour l’ancien bourg et de beaucoup plus éloignée pour les villages en dépendant.
Que les ressources qui ont pu manquer lors de la réunion à Cangey se trouvent aujourd’hui assurées par suite de la progression rapide de ses moyens pour garantir les frais de toutes les administrations et services civils qui touchent naturellement à la charge d’une commune. Dans ces circonstances tous les soussignés espèrent que vous voudrez bien, Monsieur, prendre en considération la demande des soussignés pour la réorganisation de la commune de Fleuray… »
Cette réclamation n’eut pas de suite…
La réunion de communes est toujours d'actualité puisque les dernières fusions , comme celles de Langeais et Les Essards datent de 2017. Il est amusant aussi de constater qu'au cours du 19ème siècle, on proposait de réunir Saint-Denis-Hors à Amboise et Négron à Nazelles et qu'il fallut attendre 1946 pour la première et 1971 pour la seconde.