75J - Fonds Jehanne d'Orliac (1883-1974)

Déplier tous les niveaux

Cote/Cotes extrêmes

75J (Cote)

Localisation physique

AD37 - site de Tours

Origine

Jehanne d'Orliac

Biographie ou Histoire

Biographie

Née à Compiègne le 25 mai 1883, Anne Marie Jeanne Laporte prend très tôt le pseudonyme littéraire de Jehanne d'Orliac, utilisant ainsi le patronyme de sa mère, par fidélité et admiration pour une noble lignée d'ancêtres. Issue d'une illustre famille gasconne, elle nous livre en effet, dans ses archives, les états de service de ses aïeux, officiers sous l'Empire et la Restauration, chevaliers de l'ordre de Saint-Louis et de la Légion d'honneur. C'est d'ailleurs grâce à l'héritage d'une grand-tante maternelle, Bathilde d'Orliac, que Jehanne d'Orliac acquiert, en 1905, l'indépendance financière qui lui permet de se consacrer entièrement à l'écriture.
Elle connaît une enfance perturbée par les nombreux déplacements occasionnés par la carrière militaire de son père, l'officier Joseph Laporte. Ce dernier est affecté en 1894 en Nouvelle-Calédonie, d'où il rapporte trois carnets de notes et souvenirs relatant son voyage et la vie des bagnards, carnets légués un peu plus tard à sa fille.
De retour en France, en 1898, la famille s'installe à Vesoul, nouvelle ville de garnison, où Jehanne devient pensionnaire au couvent Saint-Maur. A l'insouciance des années passées Outre-mer succède alors la stricte éducation de cette maison dirigée par les dames de l'ordre de Saint-Maur. Elle y découvre, outre la discipline, le goût de l'histoire et savoure dans ce lieu une paix qu'elle ne trouve plus dans un foyer familial désuni.
Une personnalité complexe se dessine, marquée par le besoin d'affirmer son identité, son indépendance et le "désir de se réaliser" : elle crée dès 1901 un journal, L'Iris, elle écrit, met en scène et interprète de petites pièces de théâtre, mais c'est aussi l'âge des grands doutes. Elle dévoile, à travers ses carnets intimes et ses premiers poèmes, non seulement son goût de l'écriture mais aussi son inquiétude face à la vie.
L'aventure commence pour elle en 1905. C'est l'année de la rupture avec la province, la vie de pensionnat et les sorties mondaines où s'organisent les mariages avec les brillants jeunes officiers du **e chasseur de Vesoul.
A Paris, après plusieurs tentatives infructueuses, elle obtient qu'une de ses premières pièces en vers, "François Villon", soit jouée en janvier 1905 au théâtre Trianon. Pierre Loti, ami de la famille, à qui elle porte une grande admiration, lui écrit à ce propos : "Reçu Villon, lu à peu près tout. C'est plus que très bien, c'est renversant pour avoir été écrit par une petite fille. Merci de me l'avoir fait connaître. Allons, avouez que vous êtes un peu maboul, gentiment maboul...".
Ses débuts de jeune auteur sont salués dans un article intitulé "Petites premières" publié par la "Revue illustrée" lors de la reprise de la pièce par Henri Verneuil, en 1906, au théâtre de l'Athénée Saint-Germain : "une jeune vie pleine de labeur et de rêve".
Malgré l'échec retentissant de la pièce Joujou tragique en 1907, elle s'obstine à écrire des pièces de théâtre, et publie ses premiers vers puis ses premiers romans. Les articles de presse de l'époque évoquent bien le tempérament de l'auteur. Le critique Ernest Franck écrit notamment : "Tout autre est Jehanne d'Orliac..., véhémente, jamais alanguie et dont les élans sont virils. Cette jeune femme a quelque regrettable dédain de l'amour. Elle sacrifie tout à l'orgueil. C'est une âme indépendante mais, encore que l'homme lui soit étranger, c'est une âme peu féminine. De l'esthétisme pittoresque, violent, heurté, saccadé, de l'harmonie, de l'élégance, de la facilité qui se pressent. De l'étrangeté qui étonne, de la bizarrerie qui choque mais ni l'une ni l'autre ne sont jamais complètement ni banales ni médiocres".
A la veille de la première guerre mondiale, elle est enfin au sommet de sa gloire mondaine : elle est portraiturée en 1908 par Paul Franz Namur, campée en amazone fière et hardie par le sculpteur Campagne au salon des artistes français de 1909. Elle s'adonne aux sports d'hiver, à l'escrime, à l'équitation, et est élue membre du syndicat de la critique littéraire.
C'est à ce moment où son avenir semble tracé qu'elle décide de rompre avec la vie parisienne et la célébrité naissante. Elle se retire en province et entreprend de se consacrer aux études historiques avec les atouts d'une maturité nouvelle. Ce choix coïncide avec l'achat fait en 1913 du pavillon dit de la "grille dorée" à Amboise. Ce "petit château de rêve", selon un mot de Lucie Delarue-Mardrus, vestige de la splendeur passée du domaine de Chanteloup, suscite son engouement pour le XVIIIe siècle. Chanteloup devient sa grande passion et elle écrit, dès 1920, l'histoire de la duchesse de Choiseul et de Chérubin. Elle est très vite reconnue pour ses publications historiques et son ouvrage, édité en 1929, La vie merveilleuse d'un beau domaine français : Chanteloup du XIIIe au XXe siècle fait encore autorité.
Elle voyage beaucoup (au Maroc, à l'invitation du Maréchal Lyautey), donne des conférences (aux Etats-Unis, au Canada...), reçoit honneurs et décorations (la Légion d'honneur en 1932). Elle partage le reste de sa vie entre son appartement parisien de la rue de l'Université et sa demeure de Chanteloup. Elle choisit désormais ses amis, notamment le caricaturiste Pierre Payen et la pianiste Geneviève Dehelly. Elle connaît toutefois une fin de vie difficile en Touraine après avoir été inquiétée à la fin de la seconde guerre mondiale pour son attachement au Maréchal Pétain.
Son orgueil, sa fierté et ses convictions idéologiques, aussi vigoureuses que ses sentiments littéraires, lui ont valu d'être aimée et haïe avec passion.

Œuvre de Jehanne d'Orliac

Elle est aussi diverse qu'abondante : une vingtaine de pièces de théâtre, autant de romans et d'ouvrages historiques, un scénario de cinéma, une pièce radiophonique, de nombreuses nouvelles et études historiques, littéraires ou philosophiques, des fables, poésies, contes et chansons, auxquels il faut ajouter les textes de ses multiples conférences et causeries. Plus de la moitié de son oeuvre a été publiée de son vivant, notamment ses études sur des personnages historiques tel Choiseul mais aussi Pascal, Diane de Poitiers, Yolande d'Anjou ou encore les dames de la halle. Certaines ont été traduites en langue anglaise (La dame de Beauté : Agnès Sorel, François 1er, Jeanne d'Arc et ses compagnons, Le deuxième mari de Lady Chatterley), d'autres sont inédites.
Les manuscrits, rédigés d'une grande écriture à l'encre bleue sont souvent datés et on constate qu'ils ont été écrits dans des délais généralement brefs. 
"Ne pas vouloir faire carrière mais vivre seulement son état d'écrivain", ainsi Jehanne d'Orliac définissait-elle son itinéraire.
Son oeuvre de jeunesse a pu paraître prometteuse : "Vous avez un talent bien net et non énervé dont je vous félicite en me déclarant votre admirateur" lui écrivait en 1909 Guillaume Apollinaire. Elle s'en détourne cependant rapidement. Elle n'attache pas non plus une grande importance à ses romans et divise ses livres en deux catégories : "Ceux qui sont écrits pour vivre et d'autres pour survivre. Ceux qui sont des actes et ceux qui sont des entractes".
Sa véritable passion littéraire s'est exercée à faire revivre avec lyrisme les héros du passé : "Avouez, avouez, vous qui êtes maintenant dépouillés de ce stupide orgueil de vivant qui nous fait si désespérément nous masquer à autrui et aussi à nous mêmes, vous qui possédez la grande libération de la mort, débarrassez-vous sans crainte entre mes mains du poids le plus lourd de votre vie : le secret de votre personnage".
Une oeuvre oubliée mais qui reste le témoignage d'une époque littéraire et nous permet de découvrir une femme de lettres dont la vie s'est heurtée à tous les grands bouleversements survenus durant le vingtième siècle.

Histoire de la conservation

Conservées par l'écrivaine, ses archives sont déposées après sa mort en 1974 à la bibliothèque municipale d'Amboise où elles restent jusqu'en 1994, date de leur entrée définitive aux Archives départementales. 

Modalités d'entrées

Legs.


Lorsqu'en 1960 Maurice Béguin, directeur des Archives départementales d'Indre-et-Loire, sollicite Jehanne d'Orliac, femme de lettres vivant à Amboise, de faire don de ses archives, celle-ci y voit "un hommage à sa personne et la reconnaissance de son oeuvre".
Elle avait d'ailleurs anticipé cette demande en rédigeant, dès 1958, un testament par lequel elle léguait une grande partie de ses archives et de ses collections aux institutions publiques locales : Musée des Beaux-Arts de Tours, ville d'Amboise, Archives départementales d'Indre-et-Loire.
Jehanne d'Orliac meurt le 26 août 1974 et le legs fait au département est accepté par le Conseil général d'Indre-et-Loire lors de sa session du 30 avril 1976.
Il fallut cependant attendre encore une vingtaine d'années pour que ces documents, entreposés dans le grenier de la bibliothèque municipale d'Amboise, soient remis aux Archives départementales le 6 juin 1994 et deviennent le fonds Jehanne d'Orliac sous la cote 75 J.

Présentation du contenu

Le classement pièce à pièce des documents contenus dans les cinq cartons pris en charge en 1994 a permis de faire émerger deux grandes catégories d'archives. La première concerne la famille de Jehanne d'Orliac et sa vie ; la seconde, son oeuvre. L'ensemble comprend 305 articles correspondant à la période 1810-1970.

Conditions d'accès

Ce fonds est librement communicable, exception faite de la correspondance soumise à un délai de 60 ans.

Mots clés matières

Voyages en France et à l'étranger : série de cartes postales françaises et étrangères (Belgique, Canada, Italie, Monaco, Suisse).

Cote/Cotes extrêmes

75J49 (Cote)

Date

XXe s.

Mots clés lieux

Mots clés typologiques