Localisation physique
Biographie ou Histoire
Imprimerie et Librairie
En province jusqu'au 19e siècle, le commerce des livres est souvent partagé avec la papeterie, et parfois avec l'épicerie ou la mercerie. Dans les grandes villes, lorsque ce commerce existe à part entière, les professions d'imprimeur et de libraire sont souvent confondues. La figure de l'éditeur autonome apparaît seulement à la Restauration et le terme d'éditeur n'est employé que sous la Monarchie de Juillet.
Ce sont des professions qui restent très encadrées au 19e siècle.
Le décret fondateur pour les métiers du livre est celui du 5 février 1810. Il reste en vigueur pendant plus d'un demi-siècle. Au-delà de la création d'une direction générale au Ministère de l'Intérieur, la mesure principale de ce décret est l'instauration du système des brevets. Afin d'exercer, imprimeurs et libraires doivent être brevetés et assermentés. Un « certificat de bonne vie et mœurs » et d'« attachement à la patrie et au souverain » est nécessaire. La déclaration de la tenue d'une librairie ou d'une presse est obligatoire.
Sous la IIIe République, l'accroissement du nombre de libraires s'explique notamment par la suppression du brevet : une déclaration au Ministère de l'Intérieur suffit après le décret du 10 septembre 1870.
Presse
« Le droit de dire et d'imprimer ce que nous pensons est le droit de tout homme libre »
Voltaire
Révolution, Premier Empire et Restauration
La période est empreinte d'un contrôle fort du pouvoir central sur la presse. Après une abolition de courte durée en 1789, la censure est rétablie pour la presse en 1793. L'arrêté du 27 nivôse an VIII (17 janvier 1800) épure considérablement la presse parisienne en ne conservant que treize journaux politiques sur les soixante existant. Un rapport est établi par le Ministre de la Police sur les journaux départementaux. En 1819, le décret du 3 août n'autorise plus qu'un seul journal par département, sous l'approbation et l'autorité du préfet. Par ailleurs, c'est toujours le préfet qui autorise les feuilles d'annonces d'avis et les journaux non politiques. En Indre-et-Loire, le journal autorisé est celui de la maison Mame, le Journal politique et littéraire d'Indre-et-Loire. La Restauration ne s'engage pas non plus dans la voie d'une liberté plus grande la loi du 21 octobre 1814 requiert une autorisation du roi pour tous les journaux et écrits périodiques. Les lois se multiplient ensuite, maintenant un contrôle certain. De 1814 à 1852, l'alternance est de mise entre l'obligation d'une autorisation préalable du roi ou du gouvernement pour la parution des journaux et écrits périodiques, et la suppression de cette obligation.
Seconde République et Second Empire
Après avoir établi un contrôle sévère sur le colportage, le Second Empire s'intéresse à la presse. En 1852, l'autorisation préalable à la création ou la publication d'un journal est rétablie. Tout changement dans le personnel de gérance ou de rédaction doit également être autorisé. Un assouplissement intervient toutefois dans les dernières années de l'Empire : l'autorisation préalable est supprimée par la loi du 11 mai 1868.
Troisième République
Ce n'est que le 29 juillet 1881 que la Troisième République se décide à proclamer la liberté de la presse. L'article 5 supprime l'autorisation préalable et l'article 7 précise les déclarations qui doivent être faites au Parquet : titre du journal, mode de publication, nom et demeure du gérant, indication de l'imprimerie. Ce sont ces indications que l'on retrouve dans les dossiers des journaux de la sous-série 2 T. Avant 1885, on trouvera dans ces dossiers des renseignements complémentaires sur les gérants, avec dans certains cas des rapports de police.
La diversité des journaux est plus importante au fil des années, comme le reflètent les titres des périodiques.
C'est également dans cette section du fonds qu'est conservé ce qui touche aux insertions d'annonces, qu'elles soient officielles, judiciaires ou autre. Une particularité est à noter : la présence de l'affaire Pastoureau. Théodore Pastoureau, préfet d'Indre-et-Loire en 1868, engagea un procès pour diffamation contre différents journaux qui mirent en lumière sa responsabilité dans la mort d'un homme en 1851, lors de la résistance au coup d'État dans le Var.
Dépôt légal
Le dépôt légal est institué par l'ordonnance du 28 décembre 1537, signée par François Ier. Elle mentionne l'obligation, pour tout imprimeur ou éditeur, de déposer plusieurs exemplaires de chacune des publications à la bibliothèque royale. L'objectif est double. Constituer une collection patrimoniale tout d'abord, comme l'indique le roi : « Nous avons délibéré de faire [&] assembler en notre librairie toutes les œuvres dignes d'être vues [&] si, de fortune, ils étaient ci-après perdus de la mémoire des hommes... ». Le but est aussi de surveiller les ouvrages édités. Le dépôt légal a d'abord concerné les imprimés, puis les estampes, cartes et plans (1648), les partitions musicales (1793), les photographies (1925), les affiches (1941) avant de s'étendre aux documents sur format numérique aux 20e et 21e siècles.
Jusqu'au XIXe siècle, peu de changements sont à constater sur les grands principes. L'article 48 de la loi du 5 février 1810 stipule que l'imprimeur doit déposer cinq exemplaires à la préfecture, qui sont destinés : à la Bibliothèque nationale, au ministère de l'Intérieur, à la Bibliothèque du Conseil d'État, au directeur de l'imprimerie et de la librairie, et enfin à la préfecture. Lorsqu'un dépôt est effectué en préfecture, un bulletin accompagne les exemplaires (bulletins conservés en 2 T), et la démarche est consignée dans un registre. Un récépissé est à ce moment délivré à l'imprimeur. Par la suite, le nombre d'exemplaire à déposer est réduit de cinq à trois, par la loi du 21 octobre 1814. En 1881, la loi sur la liberté de la presse instaure une distinction entre les catégories de dépôts : il y aura celui du directeur de publication, et celui de l'imprimeur.
La loi du 19 mai 1925 implique non plus seulement l'imprimeur, mais aussi l'éditeur dans cette procédure de dépôt : l'éditeur envoie un exemplaire à la Bibliothèque nationale, tandis que l'imprimeur déposer un exemplaire à la préfecture. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les lois du 17 septembre 1941 et 21 juin 1943 augmentent le nombre d'exemplaires déposés, et la loi de 1941 impose au libraire de déposer deux exemplaires aux bibliothèques régionales.
La tenue des registres a connu elle aussi quelques transformations, ce qui se constate dans les conditionnements parfois irréguliers de ces archives en 2 T : jusqu'en 1865, d'après les instructions ministérielles, ouvrages littéraires et périodiques sont enregistrés ensemble, ce qui n'est plus le cas ensuite. De même, les œuvres musicales sont consignées dans un registre différent : deux registres sont conservés pour la période 1889-1924.
Présentation du contenu
La sous-série 2 T est formée de dossiers provenant de la préfecture. Les archives concernent le contrôle de l'imprimerie, de la librairie et de la presse ainsi que la procédure du dépôt légal. Le fonds d'Indre-et-Loire est constitué de 76 articles et représente 6,31 m.
La majeure partie de ce fonds était cotée en série T, exceptés certains articles qui avaient précédemment été recotés en sous-série 4 M, et d'autres articles, issus de la série 1 M, qui ont été réintégrés dans ce fonds. Un tableau de concordance établi à la fin du présent instrument de recherche permet d'en tracer l'historique.
Intérêt du fonds : de Tours-potins à l'Echo de Bourgueil
Les archives de la sous-série 2 T relèvent pour beaucoup d'un aspect réglementaire qui n'est pas sans intérêt. La période couverte s'étend de l'an II à 1945, même si le siècle le plus représenté reste le 19e.
On trouvera notamment les dossiers individuels de libraires ou imprimeurs du département, ainsi que ceux des possesseurs de petites presses, dont certains sont des photographes. Figurent dans ces dossiers les grandes maisons de l'édition tourangelle, et en premier lieu la maison Mame. Mais cela ne doit pas éclipser l'existence d'autres maisons ou d'individus moins connus, implantés dans tout le département. Ils se sont parfois transmis les maisons de père en fils ou de père en fille. La présence des femmes dans le monde de l'édition et de la librairie n'est pas à négliger, bien qu'elles soient généralement des veuves ou des filles d'éditeur/libraire. Ce fonds offre ainsi une piste pour l'histoire des familles dans les métiers de l'écrit.
Pour la presse comme pour l'imprimerie, les études consacrées à la Touraine demeurent relativement pauvres alors que le secteur est dynamique. La sous-série 2 T offre un aperçu de cette variété : les journaux imprimés traitent aussi bien de la médecine, la politique, la mode, les loisirs, ou l'économie, même si au 19e les secteurs traditionnels demeurent la religion, l' histoire et la littérature. Des titres comme Ha Kon-Tsa-Tchen, Bulletin d'informations de l'Azerbaïdjan, Tours-potins ou France canine illustrent la diversité des périodiques.
Dans la section du dépôt légal sont conservés les déclarations préalables d'impressions et les bulletins de dépôt, ainsi que des registres consignant toutes les publications.
Les documents relatifs à la censure au 19e siècle ne sont pas absents de ce fonds. On trouvera notamment des exemplaires saisis, et, pour la guerre de 1870, de nombreux télégrammes informant des procédures à adopter par la préfecture. On notera les résumés de la presse conservés pour cette période, ainsi que des exemplaires de journaux satiriques.
Maison Mame
Que ce soit dans les correspondances, les brevets d'imprimeurs, les bulletins de dépôt ou autres documents, la famille Mame est omniprésente dans la sous-série 2 T.
Amand Mame (1776-1848), fils de l'imprimeur-libraire Charles-Pierre Mame, est le fondateur de la maison tourangelle. Il s'établit à Tours à la fin du 18e siècle et devient rapidement l'imprimeur-libraire incontournable en rachetant ses concurrents. Son fils, Alfred Mame (1811-1893) reprend l'imprimerie en 1833 et consolide la place de la maison.
Certains documents sont une source complémentaire dans l'histoire d'une maison qui a souffert de la destruction de ses archives en 1940, et au sujet de laquelle les Archives d'Indre-et-Loire restent relativement pauvres. Un fonds privé est conservé dans la série J (91 J) : il s'agit d'un dépôt effectué par la famille en 1997. Il est composé de trente-six articles, sur la période 1781-1984.
Affiches et colportage
Excepté de rares articles, les archives concernant les affiches sont à consulter en sous-série 1 M pour le contrôle et la saisie (1 M 380-381). Pour le colportage, on se reportera aux sous-séries 4 M (528 à 547), et 1 M (1 M 376, 1 M379). Enfin, les documents concernant les bibliothèques des gares de chemin de fer sont à consulter en 4 M (4 M 548-550).
Mode de classement
Le classement de ce fonds a tenu compte des prescriptions de la circulaire AD 98-8 du 18 décembre 1998, qui préconise le plan de classement suivant : imprimerie, librairie, presse, dépôt légal. Imprimerie et librairie ont ici été regroupées. Conformément à cette circulaire, les archives traitant du colportage sont restées cotées en 4 M. Les archives de la censure de la presse lors des Première et Seconde Guerres Mondiales sont conservées en 1 M, articles 1M346 à 353.
Une indexation a été faite pour les dossiers de libraires imprimeurs, ainsi que pour les titres de périodiques.
Un tableau de concordance entre les nouvelles cotes et les anciennes cotes a été établi pour faciliter les recherches.
Conditions d'accès
Communicable (Le fonds est librement communicable et réutilisable suivant la législation et la réglementation en vigueur.)
Documents en relation
Archives départementales d'Indre-et-Loire
Fonds privés
91 J : Fonds Mame
Série M
4 M 528 à 540 : colportage de livres et de journaux.
1M346 à 353 : contrôle de l'information.
Archives nationales :
Sous-série F 18. Direction de la librairie, imprimerie, presse.
F 18 / 17 : Objets généraux. Indre à Lot-et-Garonne. An IV-1828
F 18 / 30 : Inspection de la librairie et de l'imprimerie. Rapports et papiers des inspecteurs de la librairie. Dossier de Tours. 1810-1820
F 18 / 131 : Déclarations des imprimeurs par département. Indre-et-Loire, 1817-1835
F 18 / 464 : Presse. Dossiers des journaux par ordre alphabétique. Département d'Indre-et-Loire
F 18 / 519 : Déclarations de gérance de journaux. Indre-et-Loire. 1885
F 18 / 1945 : Imprimeurs, libraires et lithographes. Dossiers des brevetés. Département d'Indre-et-Loire. 1815-1870
F 18 / 2145 : Imprimeurs, libraires et lithographes. Demandes de brevets, rejets, affaires sans suite. Département d'Indre-et-Loire. 1815-1870
F 18 / 2257 : Imprimeurs, libraires et lithographes. Déclarations. Autorisations de presse. Département d'Indre-et-Loire. 1870-1881
F 18 / 2300 : États statistiques d'imprimeurs et de libraires. Département d'Indre-et-Loire. 1851-1879
Bibliographie
ALBERT (Pierre), Documents pour l'histoire de la presse de province dans la seconde moitié du XIXe siècle, Paris, 1973
KALIFA (Dominique), REGNIER (Philippe), THERENTY (Marie-Eve), VAILLANT (Alain), La civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle, Paris, 2011
KAYSER (Jacques), dir., La presse de province sous la Troisième République, Paris, 1958
MARTIN (Marc), La presse régionale. Des affiches aux grands quotidiens, Paris, 2002
MOLLIER (Jean-Yves), Le commerce de la librairie en France au XIXe siècle, Paris, 1997
PARINET (Elisabeth), Une histoire de l'édition à l'époque contemporaine, Paris, 2004
SOREL (Patricia), LEBLANC (Frédéric), dir., Histoire de la librairie française, Paris, 2008
Exposition virtuelle de la BnF sur l'histoire de la presse : « La presse à la une » (http://expositions.bnf.fr/presse/index.htm)
Maison Mame
La Maison Mame : deux siècles d'édition à Tours, catalogue d'exposition, 2011
BOULAIRE (Cécile) (dir.), Mame. Deux siècles d'édition pour la jeunesse, Presses universitaires de Rennes, 2012
DINZART (Nicole), La Maison Mame. Histoire d'une imprimerie-librairie au XIXe siècle, mémoire d'étude, 1989
FELKAY (Nicole), La Maison Mame 1833-1883, notice historique publiée à l'occasion de la double cinquantaine de M. Alfred Mame chef de maison 1er janvier 1833, marié 8 janvier 1833, 1883
RONCIN (Sébastien), Ernest Mame (1805-1883). L'ascension politique d'un imprimeur de Tours de la mairie au corps législatif. Mémoire de maîtrise d'histoire, université François Rabelais, 2003
Dictionnaires
Dictionnaire des imprimeurs-lithographes du XIXe siècle, éditions en ligne de l'Ecole des chartes (Elec), mis en ligne en 2014 (http://elec.enc.sorbonne.fr/imprimeurs/)
Dictionnaire des femmes libraires en France (1470-1870), (dir. R. Arbour), Genève, 2003
Presse locale ancienne : consulter le site de la Bibliothèque nationale de France pour l'Indre-et-Loire : http://presselocaleancienne.bnf.fr/cherche?av=true&type=tout&territoire=d37
Guides de recherche
DEVREUX (Lise), MEZZASALMA (Philippe), dir., Des sources pour l'histoire de la presse : guide, Paris, 2011
Études sur Tours
GIRAUDET (E.), Les origines de l'imprimerie à Tours (1467-1550), contient une nomenclature des imprimeurs jusqu'à 1850, Tours, 1884
VIVIER (Robert), WATELET (Jean), Bibliographie de la presse française politique et d'information générale. 37, Indre-et-Loire : 1865-1944, Paris, 1970
Informations sur le traitement
Les cotes T1308 (publications administratives à l'échelle nationale) et T1380 (spécimen du questionnaire envoyé pour le recueil des usages locaux) ont été supprimées. Un registre de comptes sans rapport avec la librairie/imprimerie et ne présentant aucune possibilité d'identification, a été extrait (T1541). La cote T1540 a été réintégrée en bibliothèque dans les périodiques. Les formulaires vierges en plusieurs exemplaires ont été éliminés.
Les articles 1M375, 1M377 et 1M379 ont été réintégrés en 2 T (intégralement pour le 1M377, partiellement pour les deux autres).
Date
Date
Présentation du contenu
Dans quelques cas, spécimens et correspondance.
Cote/Cotes extrêmes
Autres Cotes
Date
Présentation du contenu
Mots clés titres
Ce site utilise des cookies techniques nécessaires à son bon fonctionnement. Ils ne contiennent aucune donnée personnelle et sont exemptés de consentements (Article 82 de la loi Informatique et Libertés).
Vous pouvez consulter les conditions générales d’utilisation sur le lien ci-dessous.