François Bédard est originaire de la paroisse de Courcoué, où il passe l'essentiel de ses jours. Fils d'un sergent royal, Claude Bédard, il semble recevoir une bonne instruction dans sa jeunesse même si nous n'avons aucun détail concernant ses premières années. 

Il se marie deux fois : une première fois avec Marguerite Jahan le 23 février 1633 (elle décède 25 septembre 1644) et une seconde avec Marquise Remollard, veuve également. Quatre enfants naissent de sa première union et cinq de sa seconde.

C'est en 1647 qu'il devient garde du corps de la reine Anne d'Autriche, en pleine Fronde. La cour se méfiait en effet des bourgeois parisiens, acquis aux idées frondeuses, et préférait recruter ses gardes dans la bourgeoisie provinciale, plus sûre. C'est ainsi qu'il va avec la reine mère à Bordeaux en 1650, ce qui l'amène à passer près de Courcoué. En 1659, il accompagne la reine et son fils pour le mariage de ce dernier avec l'infante d'Espagne, à Saint-Jean-de-Luz. Une fois encore il passe dans sa paroisse de Courcoué sur le chemin du retour, en 1660. 

Lorsqu'en 1664 le jeune Louis XIV transforme les compagnies de garde du corps pour ne conserver que les gentilhommes Claude Bédard, en raison de ses longs services, reste tout de même attaché à la souveraine bien que non noble. Il assiste d'ailleurs à sa mort en 1666, épisode qu'il relate dans son livre de raison. 

Durant toutes ces années de service, il partage son temps entre la Cour, lorsqu'il est en quartier, et Courcoué. Ses obligations l'empêchent d'ailleurs d'assister à certains événements familiaux comme le décès de sa mère survenu le 8 février 1656.

A la fin de son service, il retourne sur sa terre natale où il s'occupe de sa famille et de ses terres jusqu'à son décès. Durant toutes ces années, il s'emploie à accroître sa fortune et sa position, aidé par ses mariages successifs et sa gestion. Il hérite de la propriété de Bel-Air de ses parents puis achète celle de La Croix en 1636 suite à son premier mariage. En 1654; par contrat passé devant Me Ducoudray le 7 décembre, il acquiert la maison noble de la Girardière, preuve de sa réussite sociale et de ses prétentions.

En 1679, le 17 mai, sa seconde épouse décède des suites d'une brûlure au pied. 

Le 18 avril 1692 il meurt à son tour. Il est enterré dans la chapelle Saint-Roch de l'église de Courcoué, près de sa première épouse et de son père. 

Réintégration

Ce livre de raison est important à plusieurs titres. D'abord du fait de son auteur qui a été de 1647 à 1666 garde du corps de la reine mère, Anne d'Autriche. Ensuite parce qu'on y découvre la vie familiale d'un bourgeois rural de Courcoué, avec toutes les peines et les joies qui rythment sa vie durant ce 17e siècle marqué encore par des épidémies et des disettes. Enfin parce qu'on y découvre la gestion d'un domaine rural, les stratégies d'enrichissement et d'ascension sociale.

Il s'agit donc d'une source intéressante offrant une fenêtre sur une famille et sur l'économie rurale dans cette région à cheval entre Touraine et Poitou.  

Ce livre de raison a été tenu tête-bêche, sans raison apparente. 

E. MILLET, « La vie rurale dans le Richelais au XVIIe siècle d'après un livre de raison », Bulletin des amis du Vieux Chinon, tome V, n° 10, 1955-1956, p. 422-441