W - Ecoles normales d'instituteurs et d'institutrices (1890-1996)

Déplier tous les niveaux

Date

1890-1996

Localisation physique

AD37 - site de Chambray-lès-Tours

Origine

Ecole normale d'instituteurs d'Indre-et-Loire

Ecole normale d'institutrices d'Indre-et-Loire

Biographie ou Histoire

Créés en 2019, les instituts supérieurs du professorat de l'éducation (INSPé) sont issus d'une longue tradition de formation des enseignants remontant à la Révolution française. Ce sont les héritiers des écoles normales d'instituteurs et d'institutrices dont se sont dotés les départements français au cours du XIXe siècle.

 

Si l'idée de telles écoles revient aux Révolutionnaires, dans la nécessité de former des enseignants après la suppression des congrégations, l'Empire abandonne dans un décret du 17 mars 1808 le projet initial d'une école centralisée à Paris au profit de formations locales : « il sera établi auprès de chaque académie et dans l'intérieur des collèges ou des lycées une ou plusieurs  classes normales destinées à former des maîtres pour les écoles primaires. »

 

La Restauration suit la même voie par une ordonnance du 21 avril 1828, qui institue une classe normale dans chaque département pour former instituteurs ou institutrices. De telles classes sont immédiatement créées à Orléans et à Bourges, mais non à Tours.

 

Au cours d'une séance du Conseil royal de l'instruction publique tenue le 14 décembre 1832, Guizot, ministre de l'Instruction publique de 1832 à 1834, publie un Règlement concernant les écoles normales primaires  avant que la loi du 28 juin 1833 ne fasse des écoles normales des établissements à part entière : « Tout département sera tenu d'entretenir une école normale primaire, soit par lui-même, soit en se réunissant à un ou plusieurs départements voisins. Les Conseils généraux délibéreront sur les moyens d'assurer l'entretien des écoles normales. ». Dans une circulaire aux préfets du 24 juillet 1833, le ministre recense déjà plus de 50 écoles normales.

 

C'est Guizot également qui, par la même loi, oblige les communes de plus de 500 habitants à disposer d'une école de garçons, grâce à quoi le nombre des écoles primaires passera de dix mille à vingt-trois mille à la veille de la Révolution de 1848.

 

Due au Républicain Paul Bert, la loi du 9 août 1879 achève la mise en place de ces écoles normales dans chaque département : « Tout département devra être pourvu d'une école normale d'instituteurs et d'une école normale d'institutrices, suffisantes pour assurer le recrutement de ses instituteurs communaux et de ses institutrices communales. Ces établissements devront être installés dans le laps de quatre ans, à partir de la promulgation de la présente loi. »

 

Une école primaire qui sert d'école d'application pour les futurs instituteurs est désormais annexée à chaque école normale, plus une école maternelle pour les école normale d'institutrices.

 

La loi du 19 juillet 1889 confère à ces établissements la personnalité civile et l'autonomie administrative. Les écoles normales dépendent des inspections académiques et des rectorats mais leurs locaux et leur budget de fonctionnement leur sont alloués par les conseils généraux.

 

Les écoles normales connaissent une éclipse pendant l'Occupation quand le gouvernement de Vichy décide de les supprimer, coupables à ses yeux de former les « hussards noirs » qui ont contribué à l'implantation du régime républicain. Elles sont rétablies à la Libération.

 

Remplaçant les écoles normales en 1990, les instituts universitaires des maîtres (IUFM), formeront un établissement public unique dans chaque région, avec des antennes dans chaque département. Ils ont été rattachés en 2008 aux universités du chef-lieu de région.

 

La durée et la nature de la formation a sensiblement évolué au fil du temps, de même que le niveau de formation et l'âge des élèves. On est ainsi passé d'adolescents ayant obtenu leur certificat d'études primaires à 14 ans à des étudiants de plus de 20 ans titulaire d'un master 2. Les ESPE forment les professeurs des écoles, des collèges et des lycées.

 

Les écoles normales en Indre-et-Loire

 

Si la première classe normale de garçons est née à Strasbourg en 1810 et la première école normale de filles dans l'Orne en 1838, l'Indre-et-Loire n'a pas été pionnière en matière de formation des maîtres : l'école des garçons n'y a été créée qu'en 1863 et celle des filles en 1880, une fois que la loi en a fait l'obligation aux conseils généraux.

 

Créée en 1863 à Loches, l'École normale d'instituteurs est d'abord établie sur un terrain voisin de l'ancien enclos des Viantaises, qui est alors la pépinière départementale et que l'Etat afferme à l'Ecole pour servir aux cours d'agriculture et d'horticulture.

 

En 1885, elle se réinstalle sur l'emplacement de l'ancien collège des Barnabites de Loches dans un bâtiment construit par l'architecte départemental Henri Prath (1847-1905). Après le départ de l'école pour Fondettes à la fin des années 1940, le bâtiment conservera sa vocation scolaire, abritant un lycée avant de revenir à la ville de Loches, qui en a fait un centre de loisirs pour les enfants et adolescents.

 

En 1878, Daniel Wilson, conseiller général et futur gendre du président Jules Grévy, réclame la création d'une école normale de filles à Tours. Son vœu est exaucé par la loi du 9 août 1879 qui en rend la création obligatoire dans chaque département.

 

Initialement seule école normale de filles de l'académie de Poitiers, celle d'Indre-et-Loire s'installe en 1880 dans un bâtiment acheté 100 000 francs conjointement par la Ville et le Département, rue de La Riche (aujourd'hui rue Georges Courteline).

 

Les conditions d'enseignement y sont mauvaises et en 1885 il est demandé à Henri Prath d'élaborer un projet d'aménagement de la propriété « Les Tilleuls » sur le coteau de Saint-Symphorien - site occupé jadis par des bénédictines. L'édifice est achevé en 1888 et il lui sera adjoint, comme le veut la loi, une école maternelle et une école élémentaire.

 

Les bâtiments des deux écoles normales sont réquisitionnés pendant la Première Guerre pour servir d'hôpitaux auxiliaires de l'armée - l'école de filles dès les premiers jours de septembre 1914. Grâce à un don du docteur Paul Métadier, fondateur des laboratoires pharmaceutiques du même nom, elle devient, avec 54 lits, l'hôpital des Tilleuls, annexe de l'hôpital Mirabeau.

 

Pendant l'Occupation, les bâtiments des écoles normales, supprimées par Vichy, sont réaffectés. Celui de l'école des filles est occupé par les troupes d'occupation dès l'été 1940, il servira de lieu d'internement pour 236 Juifs tourangeaux raflés les 15 et 16 juillet 1942 et déportés ensuite au camp de la Lande, situé à Monts, puis à Auschwitz.

 

A la Libération, des travaux de rénovation doivent être entrepris dans les bâtiments de l'Ecole après le passage des troupes allemandes et des agrandissements projetés dans l'entre-deux-guerres sont réalisés.

 

Quant à l'Ecole normale d'instituteurs, elle déménage dans un bâtiment de l'agglomération tourangelle choisi par le préfet de la Libération, Robert Vivier, ancien inspecteur d'académie révoqué en 1942 : le château Bel Air à Fondettes. La propriété appartient depuis 1938 à la Société des petits-fils de Wendel qui, suivant les recommandations de l'État, a trouvé là un lieu de repli en cas de guerre pour y entreposer, notamment, ses archives, loin de la frontière allemande. Dès 1947, malgré la pénurie des matériaux, d'importants travaux sont entrepris pour adapter les bâtiments et les communs à leur nouvelle vocation. Les aménagements et extensions sont réalisés en partie par le report des dommages de guerre de la caserne de gendarmerie d'Amboise.

 

Dans les années 1960, les deux écoles deviennent également centres régionaux de formation des professeurs de collège d'enseignement général (CEG), qui sont mixtes. En 1970, un centre de formation des maîtres de classes pratiques est en outre créé sur le site du château de Bel Air pour les enseignants des disciplines techniques.

 

Les deux écoles normales travaillent toutes deux avec des écoles annexes, puis écoles d'application, qui permettent aux élèves de mettre en pratique leurs compétences durant leurs années de formation.

 

A la rentrée de 1985, l'Ecole normale de Saint-Symphorien devient entièrement mixte et bientôt la réunion des deux écoles est décidée : en septembre 1990, filles et garçons font leur rentrée ensemble au château de Bel-Air, désormais école normale unique du département, qui devient l'IUFM dès la rentrée suivante, puis ESPE de Tours-Fondettes en 2013, puis INSPE Tours-Fondettes en 2019, rattaché à l'Université d'Orléans.

 

Le bâtiment de Saint-Symphorien conserve tout d'abord sa vocation scolaire, accueillant les cours de droit et de géographie de l'Université François Rabelais jusqu'en 2005, avant de devenir en 2015 un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) géré par la Croix-Rouge.

Documents en relation

Sources complémentaires aux Archives départementales d'Indre-et-Loire

 

Archives modernes :

 

- sous-série 4 N (bâtiments départementaux), art. 136-144 : Ecole normale d'institutrices (projet de construction rue Avisseau, bâtiment de la rue de La Riche, projet de construction dans le quartier Saint-Sauveur, bâtiment de Saint-Symphorien) : art. 184-191 : Ecole normale d'instituteurs à Loches

- sous-série 1 T (enseignement, en cours de classement) : écoles normales d'institutrices et d'instituteurs.

- sous-série 2 Z (fonds de la sous-préfecture de Loches), art. 278 : Ecole normale d'instituteurs, directeurs et professeurs, conseil d'administration, comptabilité (1885-1926).

 

Archives contemporaines :

 

- 1743 W - 1688 W (fonds de l'Université François Rabelais, Institut universitaire de formation des maîtres)

- 2202 W 27 (fonds de l'école primaire d'application La Guignière de Fondettes)

- 140 W 3 (fonds de la préfecture, Archives de services disparus ayant fonctionné pendant la Deuxième Guerre mondiale).

- 1300 W 1 (fonds des services généraux du Conseil général, archives du service de l'Intendance, inventaire du mobilier).

- 301 W 210, ,226, 228 (fonds des services déconcentrés de l'État chargés de la Reconstruction, Répartition des dommages de guerre, Bâtiments des collectivités publiques sinistrés)

- Fonds du patrimoine immobilier départemental, bâtiments de l'enseignement, école normale d'institutrices et école normale d'instituteurs.

 

Fonds privés :

 

- 52 Fi : Fonds Vagnini : plus de 70 photos de l'hôpital militaire aménagé à l'Ecole normale d'instituteurs de Loches (1914-1918).

- 231 J (fonds Victor Honoré, élève à l'école normale de Blois de 1889 à 1892)

- 79 J 758-767 (fonds du cabinet d'architecture Chalumeau - Ecole normale d'instituteurs)

- 79 J 885-887 (fonds du cabinet d'architecture Chalumeau - Ecole normale d'institutrices)

 

Bibliographie

-Archives départementales du Var, Jadis, naguère& les écoles normales d'instituteurs du Var, 1829-1989, catalogue d'exposition, Draguignan, 1992.   [Ursulines, 8°Bh 1671]

-Ballon (Ch.), L'Ecole normale d'instituteurs d'Indre-et-Loire a cent ans. Voici l'histoire de sa création, texte dactylographié.. [Ursulines, 4° Bh 452]

-Briais, Bernard, « Quand l'école d'instituteurs était à Loches », Le Val de l'Indre, n° 8, Monts, 1996, p. 5-16.  [Ursulines, 998PERU3]

-Laprévote, Gilles, Splendeurs et misères de la formation des maîtres : les écoles normales primaires en France, 1879-1979, Presses universitaires de Lyon, Lyon, 1984. 

[Ursulines, 8°1567]

- BAILLEUL Raymond, Maîtres et élèves d'autrefois, histoire de l'enseignement en Touraine des origines à nos jours, 1992 [Ursulines 3 F396/1-2]

 

Notice historique des Archives municipales de Tours, document dactylographié, avril 2007 disponible aux Archives départementales d'Indre-et-Loire.

 

L'extrême gauche organisée en France, J.L. Galissaire (s.d.).

Cote/Cotes extrêmes

1688W278 (Cote)